On connait le penchant du maire de Maisons-Alfort pour
les illuminations : une simple moulure dans un bâtiment ou bien le moindre
végétal un tantinet original est automatiquement mis sous les feux des
projecteurs.
En bon émule de notre premier magistrat, le curé de la
paroisse St Rémi l’a pris en exemple en se lançant à son tour dans les
illuminations. Pas celles de la parole divine, celles plus terre à terre qui visent
à diffuser visuellement le message christique de jour comme de nuit à nous pauvres
manants que nous sommes.
C’est ainsi que le centre paroissial a été doté d’une croix
appendice qui lance tous ses feux à la cantonade dès que le jour commence à
décliner. Une incitation à tous les calotins de passage à ne pas oublier la
prière du soir.
Pourquoi une telle agression visuelle ? Peut-être que, dans l’obscurité, il est utile de marquer la présence d’un bâtiment
religieux car il est vrai que l’église St Rémi qui semble un tantinet riquiqui
passe inaperçue ! Pour les non-voyants, on pourrait proposer de diffuser quelques
chants grégoriens de bonne facture, une occasion de créer un vrai spectacle
sons et lumières à Maisons-Alfort ! C’est y pas beau !
Cette
mise en scène rappelle une période de sinistre mémoire, aux Etats Unis, où de
dangereux personnages organisaient des cérémonies macabres. Les adeptes du Ku
Klux Klan se retrouvaient autour d’une grande croix illuminée par les
flammèches qui fusaient le long de ses branches. A Maisons-Alfort, concession à
la modernité, le flamboiement est apporté par l’électricité. Et le chemin de la
procession est tracé nuitamment par des projecteurs fixés au sol qui remplacent
les torches enflammées des temps anciens. On s’attend à voir surgir des
ténèbres quelques sinistres personnages encagoulés.
A tous les rigolards qui n’ont jamais été
impressionnés par une parole divine de quelque bord que ce soit, ceux que
l’appel à la prière du soir laissent de marbre, qu’ils n’hésitent pas à
pratiquer, ce que le chanteur a nommé, le boogie woogie, intensément,
farouchement, bestialement et osons le dire amoureusement.
Une maigre consolation pour ceux qu’une telle
ostensible exposition rebute : les jours vont rallonger. Une « éclaircie »
qu’il faut savourer.
Quant à la laïcité, par les temps qui courent, aucun répit
ne lui est accordée. Elle aussi aspirerait à recouvrer une sérénité qui lui
manque cruellement. C’est lorsqu’on l’oublie qu’elle fait montre de son
efficacité.
PS : il est à craindre que la taxe locale sur la
publicité extérieure que ne manquera pas de réclamer le maire ne vienne
ponctionner dangereusement les finances apportées par le denier du culte.
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